(Albin Michel. 1929)
Jacques Deval, né à Paris le 27 juin 1890 où il est mort, le 19 décembre 1972, s’appelait, pour l’État Civil Boularan de Cambajoux.
Il fait des études à la Faculté des Lettres de Paris (Sorbonne).
En octobre 1912, il est appelé pour le service militaire, alors de deux ans. En raison d’une forte myopie, il est affecté, à Paris, dans une unité d’intendance. Il passe le début de la guerre à l’arrière, mais en 1917, son unité est affectée sur le front.
Dans Sabres de bois, où Roucy n’est mentionné qu’une fois, il relate avec humour et émotion ses tribulations d’hyper myope relégué, pour cette raison, dans le service auxiliaire pendant la Guerre 1914-1918.
Spécialisé dans les comédies de Boulevard, il est l’auteur de nombreuses pièces de théâtre dont beaucoup ont été adaptées au cinéma ou à la télévision. Il a aussi réalisé trois films.
Marié cinq fois, Jacques Deval est le père, notamment, de Gérard de Villiers, Bernard Eschasseriaux et d’Alain Boularan dit Deval
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Extraits de Sabres de bois :
Page 231.
« Zone des armées !... Q.G… G. A. N… Secteur 106…
Je mettrai bien une fleur à mon fusil.
Mais je n’ai pas de fusil. J’ai tout juste un sabre de sergent de ville. Pourquoi pas un bâton blanc ! »
Page 246.
« Eh quoi ! Tant de pages déjà !
Ecrire un livre, c’est un peu faire une malle.
Quoi qu’on ait à y fourrer, il semble en la commençant que tout tiendra. On ne la bourre d’abord que du superflu ; c’est quand le genou même ne la fermerait pas que, sur quatre chaises et de la tête au pied du lit, l’indispensable se rappelle à vos bons soins. On refait sa malle, on ne refait pas son livre.
On ne le refait pas, mais quelquefois, on en fait un autre. Tant pis si malgré moi celui-ci s’achève où il devrait commencer ; le jour où versé au 358e régiment d’Infanterie il me fut enfin donné de toucher la haute paye de boue, de poux, de transcamionnages, de relèves et autres indemnités en nature par quoi la biffe enrageait de jalousie les autres armes. C’est le meilleur du pain qui me reste sur la planche.
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Eh quoi ! ni du charmant château de Roucy, ni des frais bocages du Chemin des Dames, ni des lagunes enchanteresses de Godewaerswelde. Je ne pourrais un jour écrire !
Ni de ce jour de gloire où je reçus le baptême du feu sous la grêle de balles d’un champ de tir où je m’étais fort myopément aventuré ?
Ni de la ferme de Moewecapelle où cinquante soldats, huit sergents, trois officiers promirent le mariage à une ingénieuse fille des Flandres qui se faisait offrir l’anneau nuptial par provision et cachait – en quoi elle faisait bien – trois kilos d’alliances ainsi acquises, sous un pavé de l’étable ?
Ni de ce beau sentier de Guyencourt où trois semaines durant les petits enterrements à couronnes de perles jaunes et à drapeau de percale coulèrent comme un ruisseau ?
Ni du vent de la mer qui donnait aux canonnade(s) de Steenxorde un arome naval ?
Ni de cet arbre de Nouvion où dans les branches pendait un cheval mort ?
Ah ! si je l’écrirai, fût-ce pour ma crémière !»
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