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De Margot, jeune fille demeurant à Aubervilliers, chez sa cousine Georgina Leclere Lecomte :
« Aubervilliers le 25 juin 1918
Cher Cousin »
« (…) Monsieur le Curé est définitivement fixé dans le midi, il y trouve son occupation et n’a pas l’air de s’ennuyer. Il a dû vous donner des détails de son triste départ et avec quelle vitesse il a dû évacuer son pays (…) »
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L’abbé Gréhan, réfugié dans les Basses-Pyrénées, à sa cousine « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« Hasparren 29 juin 1918
Bien chère Cousine »
« (…) hélas ! l’avance subite du 29 mai nous a obligés à partir sans avoir le temps ni les moyens de rien emporter que les objets essentiels et j’en suis réduit à compter sur l’hospitalité que de braves gens m’ont accordée ici il y aura bientôt un mois.
J’y vis très bien mais je peux encore faire quelque chose et je pense que l’évêque de Bayonne me trouvera prochainement un emploi (…) »
“A.Grehan.
A Hasparren
(Basses Pyrénées)”
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L’abbé Gréhan à sa cousine « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à Névian (Aude) :
« Hasparren 2 juillet 1918
Chère Cousine »
« (…) Quant à moi je vais bien en ce moment car je suis vraiment privilégié, étant chez d’excellentes personnes qui me témoignent la plus grande sympathie en considération de ce que j’ai fait bon accueil à leur fils soldat pendant son séjour à Roucy.
Notre pays n’avait pas trop souffert des bombardements fréquents que nous avions eus. Le dernier qui eut lieu le 7 avril avait fait produire de grands dégâts à l’hospice et au presbytère ; les obus n’ont pas éclaté heureusement et il y a eu fort peu de choses. Nous n’étions plus que 95 habitants au moment où il a fallu partir. Les Religieuses étaient restées trois seulement et les deux autres étaient à Paris depuis le mois d’Août 1916 avec les enfants. Pendant la première année de guerre, j’ai eu chez moi trois personnes de Pontavert et Mr le Curé ; on vivait ensemble. Puis ces personnes sont parties et seul Mr le Curé est resté chez moi ; il faisait la cuisine et ce n’est que depuis un an que je mangeais chez les Religieuses à midi chaque jour. »
« (…) Je crois que je me fixerai dans la région des Basses Pyrénées si je puis tenir une paroisse : j’attends tous les jours une réponse de Mgr l’Evêque (…) »
“A.Grehan
A Hasparren (Basses Pyrénées) »
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L’abbé Gréhan à sa cousine, « Pierrette » Lemaire Rebequet, réfugiée à Névian dans l’Aude :
« Hasparren 17 juillet 1918
Chère Cousine,
J’ai reçu avec plaisir ta lettre et je ne veux pas tarder d’y répondre : cela me désennuie un peu car parfois il me vient un peu de cafard comme diraient nos soldats.
Je n’ai pas grand chose à faire et je souhaiterais être un peu plus occupé, mais on ne trouve pas facilement »
« (…) Cette fois c’est peut-être le commencement de la fin si l’on pouvait terminer avant l’hiver et que nous puissions retourner dans notre pays : quel bonheur ce serait ! »
« (…) quant aux Chères Sœurs de Roucy elles sont dans la Haute Vienne et en Meurthe et Moselle : la Supérieure va mieux et se remettra vite maintenant (…) »
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L’abbé Gréhan à sa cousine, « Pierrette » Lemaire Rebequet, réfugiée à Névian dans l’Aude :
« Mercredi 7 août (1918)
Chère cousine »
« (…) Ma santé est toujours bonne et ce n’est pas la fatigue qui m’accable ! Le repos est plutôt ennuyant : j’espère rapprocher bientôt de Paris et être occupé à un emploi dans une paroisse.
Voilà Fismes repris, mais les Boches ne vont pas lâcher facilement l’Aisne et il faut nous attendre à ce que nos pays soient dévastés et ruinés. Malgré tout on souhaite pouvoir y retourner et pour ma part j’en ai le plus vif désir (…) »
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De Céline Caboche Bachelet à l’abbé Gréhan :
« Angoulême 11 Août 18
Cher ami »
« (…) J’espère que dans votre nouveau pays vous ne vous ennuyez pas trop, au milieu d’un langage pareil. J’ai été dans le même cas dans la Creuse, c’est ce qui a fait beaucoup que je m’y suis tant ennuyée n’entendant jamais de Français et je vois que vous avez un ministère assez chargé par votre lettre. »
« (…) Comme nous sommes malheureux d’avoir été obligés de quitter nos pays.
Merci des nouvelles que vous me donnez.
Je vous avais écrit à Roucy probablement au moment de l’évacuation ; ma lettre m’est revenue.
Mes amitiés les plus sincères
Celine Caboche »
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L’abbé Gréhan à sa cousine, « Pierrette » Lemaire Rebequet, réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Hasparren 14 sept (1918)
Chère Cousine
Je viens de recevoir avec plaisir ta lettre et la photo que tu m’as envoyée, j’ai très bien reconnu Lucie, mais Gabrielle est bien changée de ce qu’elle était quand je l’ai vue à Roucy et qu’elle pleurait tant la nuit qu’elle y a passé. Il me semble que tu as un peu maigri et ce n’est pas étonnant après trois mois de privations et de souffrances au milieu de ces affreux boches. Quant à Lucien, il est vraiment heureux et sa figure l’indique. Il ne manque plus que ta mère pour compléter le tableau et il faut bien espérer que la délivrance approche pour elle et nos pauvres compatriotes.
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Roucy n’est pas encore libéré et il nous faut attendre quelques mois peut-être encore.
La Supérieure de l’hospice de Roucy m’a écrit pour me proposer une paroisse des Vosges où je serai au presbytère chez la mère du curé mobilisé.
L’archiprêtre de Mirecourt m’a fait savoir que je pouvais y venir quand je voudrai et devant son insistance, j’ai accepté et j’ai demandé un sauf conduit, j’espère qu’on m’accordera aussi le parcours gratuit, mais je ne compte pas m’en aller avant la fin du mois, car le fils des personnes chez qui je suis descendu doit venir bientôt et il me sera difficile de ne pas attendre son arrivée.
Je suis assez bien ici moyennant 5 F par jour pour mon entretien, mais je ne suis pas assez occupé et surtout s’il faut passer l’hiver ainsi, je serai forcément porté à l’ennui.
Nous avons ici un peu de grippe espagnole et une grande sècheresse. Le climat est très doux et il y a beaucoup de raisin. Je continue à être en bonne santé et à rendre quelques services dans la paroisse. Demain a lieu la grande procession au calvaire situé sur une montagne près du pays : on fait le chemin de croix en y montant devant les fidèles (…) »
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De « Pierrette » Lemaire Rebequet, réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire), à Pierre Lucien Lemaire, son mari, à Châteauneuf sur Loire (Loiret) :
« St Maurice le 4 obre 1918
Mon bien cher Lucien, »
« (…) Mon Frère m’a écrit, il est toujours en Champagne il dit que les boches reculent bien qu’ils sont maintenant en rase campagne et qu’il va certainement se passer quelque chose d’heureux pour nous, il pense qu’ils vont reculer sur leurs lignes qu’ils ont préparées au-delà de Vouziers Rethel et espère qu’ils laisseront les civils comme à Mondescourt l’an dernier.
Cousin Avila m’écrit aussi, il me demande la gare la plus proche car il a reçu quelques effets de Paris qui ne lui sont pas utiles et qu’il va m’envoyer, il ne quitte pas Hasparren car pendant ses hésitations la place qu’il devait avoir dans les Vosges est prise »
« (…) J’ai vu sur le journal que Concevreux, Roucy, Bouffignereux, Guyencourt sont repris, Avila va en être content (…) ».
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L’abbé Gréhan à Pierre Lucien Lemaire :
« Hasparren 12 oct 1918 »
« (…) Roucy et les communes voisines sont délivrées et on nous fait espérer que Laon et La Fère seront bientôt libérées. On pourra alors songer au retour dans nos contrées mais ce ne sera plus que ruines et misère.
Malgré tout on tient à rentrer là où on a vécu si longtemps et à retrouver ses amis et connaissances car ailleurs on se sent dépaysé et isolé, surtout quand on parle comme ici une autre langue à laquelle on ne comprend rien.
Je suis toujours dans la maison des missionnaires et j’ai renoncé à l’idée de m’en aller ailleurs, car ce seraient peut-être de nouveaux ennuis et je redoute d’avoir encore à me faire à un nouveau pays. Je me porte assez bien et je tâche de prendre patience (…) »
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L’abbé Gréhan à sa cousine, « Pierrette » Lemaire Rebequet, réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
Tampon sur l’enveloppe : Hasparren Basses Pyrénées 1918.10.15
« Chère Cousine
Je viens de recevoir ta lettre du 5 et en réponse à celle que je t’avais envoyée précédemment et dans laquelle je te demandais quelle était la gare qui vous desservait. Le colis dont je t’ai annoncé l’envoi n’est pas bien important. Il y a de l’étoffe pour faire des chemises, du velours et j’ai joint une paire de souliers hors d’usage, il y a sous l’un d’eux au talon un clou qui dépasse en dedans et qu’il faudra « rebruché »
« (…) Voici nos pays délivrés des Boches, mais il faut attendre que Laon soit repris car la rive droite de l’Aisne est toujours occupée par l’ennemi et il ne doit pas faire bon sur la rive gauche qu’ils bombardent sans doute copieusement.
Il fait toujours très bon dans le pays où je suis et le climat est vraiment doux comparé à celui de nos pays. Les habitants ne connaissent pas leur bonheur et ils ne souffrent guère des malheurs communs à part les familles qui ont des soldats morts à la guerre. Il y a presque chaque semaine un service pour quelqu’un d’entre eux.
On parle beaucoup de la paix mais la première condition c’est que les Boches évacuent nos pays. Si cela arrivait, nous pourrions rentrer pour l’hiver, bien que ce ne sera pas trop agréable d’habiter dans des maisons en ruines et de n’avoir pas de quoi se chauffer ni s’alimenter. Beaucoup hésitent à reprendre la route de leur village (…) »
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L’abbé Gréhan à sa cousine, « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« Hasparren 28 octobre 1918
Chère Cousine »
« (…) J’ai fait une demande au préfet de l’Aisne pour me rendre à Roucy ; il vient de me répondre qu’il ne peut me donner d’autorisation à cause de la difficulté du ravitaillement, mais que dans trois semaines, je pourrai faire une nouvelle demande qui sera sans doute agréée ; j’ai donc l’espoir d’être pour la fin de novembre dans ma paroisse ; je ne sais dans quel état les Boches l’ont laissée, j’aime à croire qu’elle n’est pas si dévastée que St Paul, mais de toutes façons ce ne sera pas facile à remettre toutes choses en état et il me faudra l’aide de Dieu pour en venir à bout »
« (…) Les nouvelles de la guerre sont toujours bonnes et l’avance continue : les Boches ont fort à faire chez eux et ils auront du mal à s’en tirer maintenant. Quel mal ils auront fait et que de sang versé ! (…) »
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L’abbé Gréhan à sa cousine « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« Hasparren, le 15 décembre 1918
Chère cousine, »
« (…) Je vais donc retourner à Roucy et je quitte définitivement Hasparren mercredi pour être jeudi à Paris et m’entendre avec la section canadienne qui s’est chargée de notre pays.
Ce sera dur pour commencer de se réinstaller dans un pays aussi dévasté, mais mon presbytère est debout et on peut y loger en fermant les portes qui ont été enlevées et en bouchant les ouvertures de fenêtres. Je compte bien sur ta mère pour venir au plus tôt pour m’aider et tu pourras lui écrire que je l’attends. Je serai sans doute à Roucy pour Noël et je tiens à y être au plus tôt, afin d’estimer le peu qu’on m’y a laissé. C’est à dire quelques sommiers et deux commodes. L’église n’a plus aucun ornement ni chandelier et elle a reçu quelques obus sur le toit. L’hospice n’est pas trop abîmé, à part le caveau de la chapelle et la cave du perron que les Boches ont fait sauter.
Si tu écris, tu adresseras la lettre à Aubervilliers chez ma tante, car la poste ne fonctionne pas dans notre contrée de Roucy, du moins, pour le moment.
En passant par Paris, je t’enverrai un petit mot pour te dire quel jour j’arriverai à Roucy, afin que ta mère puisse venir m’y rejoindre. En tout cas, elle sera reçue chez Madame Thonon qui y est déjà installée et qui m’a dit qu’elle la recevrait volontiers en attendant que nous ayons organisé nos deux chambres au presbytère.
Tu voudras bien donner le bonjour à Lucien et à ses frères ainsi qu’à ton beau père. Je t’embrasse bien affectueusement.
A.Grehan.
Pour ses bagages, ta mère pourra peut être les apporter en chemin de fer ou en camion auto jusque Laon, et de là par auto, se faire amener à Roucy en demandant au commandant de place son rapatriement. »
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Marie "Julienne" Poittevin Rebequet à sa fille « Pierrette » Lemaire Rebequet à St Maurice les Châteauneuf en Saône et Loire :
« Blanchefosse (Ardennes) 8 heures soir 21.12.18
Mes chers enfants »
« (…) Maxime a repassé à Paris et il a vu nos parents tous en bonne santé, il a vu aussi Avila chez tante Zelia il doit retourner à Roucy aujourd’hui même, je pense donc y aller aussi sous peu avec les bagages que tu m’a laissés (…) »
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« Julienne » Rebequet Poittevin à sa fille « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) avec la famille Lemaire et ses petites filles Lucie et Gaby :
« Blanchefosse 8 heures du soir 24 Dbre 18
Ma chère petite Lucie et ma chère petite Gaby
Je viens vous remercier de vos bonnes nouvelles qui m’ont fait doublement plaisir, puisque c’est vous qui me les envoyez pour la veillée de Noël, où le petit Jésus a l’habitude d’apporter des jouets et des bonbons aux enfants qui ont été bien sages. Pour cette année le meilleur don qu’il pouvait vous faire c’est de vous avoir conservé votre cher papa et de vous le rendre dans quelques temps, et de retourner ensemble à St Paul où j’irai vous voir de Roucy, car avec votre bonne lettre que je viens de recevoir je vais m’occuper de partir tout de suite pour rejoindre mon Cousin.
Je vous écrirai le jour que je partirai, j’espère bien être la bas au 1er janvier, peut-être même plus tôt, quoique je sois très bien ici, ayant de bons voisins et voisines et des soldats français qui sont très aimables avec nous ; ça ne sent plus le boche (…) »
L’abbé Gréhan à sa cousine « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy, le 25 décembre 1918
Chère Cousine,
J’ai reçu ta lettre avant de quitter Aubervilliers, et c’est de Roucy que je t’écris ma réponse. Je suis arrivé mardi soir, par un temps bien mauvais et je me suis couché dans une chambre du presbytère sur un lit de soldat. Impossible, le jour de Noël de dire la Messe, faute de local, l’église est tellement en désordre et l’hospice aussi, de sorte que j’ai passé bien tristement cette belle fête. J’ai trouvé heureusement ici Mr et Mme Thonon, nos voisins qui m’ont fait dîner avec eux et m’ont aidé à préparer une chambre à l’hospice, où j’ai un petit poêle et un sommier éventré, avec une paillasse boche. J’espère y passer quelques bonnes nuits tout de même en attendant que j’organise une chambre ou deux. Tout mon presbytère est bien dévasté car il n’y a plus de porte ni de carreaux aux fenêtres ; j’ai en tout deux sommiers en fait de mobilier et quelques commodes inutilisables. Je me demande si ta mère voudra venir se fixer ici en ce moment, quoique je le voudrais bien car je serais moins seul, et à la longue, on finirait par se procurer le nécessaire. L’œuvre canadienne de l’Aisne dévastée nous a promis son assistance. Les sœurs ne rentreront pas tout de suite, car leur Supérieure Générale craint qu’elles ne soient trop malheureuses.
Nous sommes seulement 7 ou 8 personnes ici et tout est silencieux et mort : le pays est dévasté et les rues pleines de trous et de débris ainsi que les maisons où les soldats de passage ne se gênent pas pour augmenter le désastre.
Ma tante Zelia et Marcelle vont toujours bien et vous donnent le bonjour à tous. Elles ont beaucoup à faire et ont reçu pas mal de visites de familles ces temps derniers. Ta mère leur a écrit, quant à moi, je ne peux pas recevoir de lettre, car la poste n’est pas encore organisée ; je te préviendrai ; écris toujours à Aubervilliers et si j’y vais dans quelque temps, je trouverai tes nouvelles.
En attendant d’autres nouvelles, je t’adresse, ainsi qu’à Lucien et à tes petites filles, ainsi qu’à ton beau père et toute la famille mes meilleures amitiés.
A.Grehan
missionnaire au désert. »
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« Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf à Pierre Lucien Lemaire son mari à Châteauneuf sur Loire :
« St Maurice le 31.12.18
Mon bien cher Lucien, »
« (…) Nos chéries ont reçu une gentille lettre de Grand’Mère et une de Léonie Raverdy. Maman compte être à Roucy pour le 1er Janvier peut-être même avant, elle dit qu’elle viendra nous voir lorsque nous serons réinstallés à St Paul (…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet à Châteauneuf sur Loire :
« Aubervilliers, le 2 janvier (1919)
Chère Cousine,
Je suis venue passer la journée du 2 janvier chez ma tante Zelia. »
« (…) Je commence à être un peu plus à mon aise, mais les premiers jours, ont été pénibles. Le pays a été dévasté et on manque de tout. J’ai donc écrit à ta mère qu’elle pouvait venir par le moyen le plus commode, soit par le chemin de fer de Reims à Breuil, soit par camion, de Laon à Roucy. »
« (…) Je rentre demain pour continuer à restaurer le presbytère. J’y ai aménagé le salon qui me sert pour faire la messe, car l’église est trop en mauvais état et trop exposée aux courants d’air.
Je préparerai une autre chambre pour ta mère et nous aurons la cuisine pour y prendre nos repas. L’avenir, c’est de trouver des portes pour fermer toutes les ouvertures.
A bientôt d’autres nouvelles. Dès mon retour à Roucy et sitôt que ta mère sera arrivée (…)
« A .Grehan à Roucy par Laon. »
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L’abbé Gréhan à sa cousine « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy 5 janvier (1919)
Chère Cousine
Je suis heureux de t’annoncer que ta mère vient d’arriver hier samedi à Roucy. Une voiture militaire l’a amenée en deux jours de Blanchefosse ici avec son ménage. Maxime est venu avec elle mais il repart aujourd’hui avec la voiture et le soldat qui les a amenés. Je revenais de Paris quand j’ai eu cette agréable surprise : je pense que nous allons nous organiser du mieux possible et que dans quelques temps nous serons tout à fait installés.
Le temps est bien mauvais. Je souhaite qu’il fasse un peu de gelée pour qu’on puisse sortir un peu dans les cantonnements afin de récupérer quelques objets dont nous avons besoin et recouvrir un peu mon toit (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille "Pierrette" Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) avec la famille Lemaire et ses petites filles Lucie et Gaby :
« Roucy 7 Janvier 1919
Mes Chers enfants,
Je pense que vous avez reçu la lettre de mon Cousin vous apprenant mon arrivée à Roucy, sans avoir eu d’ennui dans le voyage, car je suis venue de Blanchefosse à Roucy avec une voiture militaire et un soldat. Maxime était aussi avec moi il est retourné par la même voiture.
De cette manière j’ai pu apporter tout ce que tu avais laissé, nous n’avons plus rien à faire à Blanchefosse.
Mon cousin était à Paris lorsque Tante Zelia a reçu ta lettre pour moi, il me l’a donc rapporté.
J’étais installée au presbytère quand il est rentré car il avait laissé la clef de sa chambre à Mme Thonon et toutes les autres portes sont ouvertes. Roucy est bien démoli, mais un peu habitable il y a quelques personnes qui y sont déjà réinstallées.
Je suis heureuse d’y être revenue, je ne puis m’ennuyer, car ce n’est pas l’ouvrage qui manque, mais après une chose on en fait une autre, l’essentiel c’est de ne plus être à Blanchefosse.»
« (…) la poste ne marche pas encore ici et on ne peut envoyer de lettres que lorsqu’il vient quelqu’un ici nous ne recevons pas de lettres en ce moment.
Espérons que la poste se rétablira bien vite (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille "Pierrette" Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy 9 janvier 1919
Mes chers enfants »
« (…) Maintenant je crois que nous allons recevoir des lettres régulièrement par Beaurieux en attendant qu’on rétablisse la poste à Roucy. »
« (…) Ici, c’est la même chose on ne s’occupe pas de réparer.
Mr Maucourant notre voisin est revenu avec sa femme, il a trouvé sa maison démolie, sa femme est repartie retrouver ses enfants et lui est resté pour construire une baraque, il mange ici et couche dans la petite chambre à côté de la cuisine. Sitôt sa baraque finie sa famille viendra le rejoindre. Roucy commence donc à se repeupler.
Les dames Canadiennes sont venues dimanche dernier en auto avec des provisions pour les habitants, elles ont logé ici, elles sont très aimables et bonnes ; elles m’ont donné un petit paquet d’habits cela m’a fait plaisir, elles doivent revenir dans quelques semaines apporter d’autres affaires (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille "Pierrette" Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire)
« Roucy 15 janvier 1919
Mes chers enfants
Depuis mon arrivée à Roucy, je n’ai encore reçu que la lettre que tu m’as envoyée le 1er janvier et que mon Cousin m’a rapportée de chez tante Zelia, la poste ne se rétablit pas vite, le ravitaillement va mieux qu’à Blanchefosse nous ne manquons de rien. Nous sommes en bonne santé et espérons que vous êtes tous de même, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer car ce n’est pas l’ouvrage qui manque pour se réinstaller nous allons aussi souvent dans les abris des soldats et on trouve des objets qui sont utiles pour le ménage. Jusqu’alors il n’y a pas beaucoup d’habitants de retour il y en a qui viennent faire un tour et quand ils voient ces démolitions ils disent qu’ils ne reviendront qu’au printemps.
Mon Cousin et moi ne regrettons pas d’être revenus car lui ne se plaisait pas fort à Hasparren et moi je ne regrette pas Blanchefosse, ce qui nous manque c’est d’être sans nouvelles, nous espérons que bientôt on en recevra car le facteur Mr Balin est de retour et il s’en occupe.
Nous avons assez souvent la visite des personnes qui ont des soldats dans les cimetières de Roucy et de Pontavert, ces pauvres gens viennent pour reconnaître leurs enfants ou leur mari pour les faire reconduire chez eux, mais cela aussi ne peut se faire en ce moment, il faudra qu’ils reviennent dans la belle saison. C’est par ces personnes que nous pouvons faire parvenir nos lettres. »
« (…) J’apprends de suite qu’il faut adresser les lettres à Roucy par Jonchery sur Vesle »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille "Pierrette" Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire)
« Roucy le 26 janvier 1919
Mes chers enfants
J’attends tous les jours de vos nouvelles mais jusqu’alors je n’ai encore rien reçu, voici seulement que l’on vient d’installer un bureau de poste à Beaurieux, voici donc l’adresse qu’il faudra écrire :
Roucy par Beaurieux Aisne. »
« (…) Pour nous ici nous voici assez bien installer, les quatre pièces du bas sont à peu près finies et assez bien meublées, mon cousin occupe le salon où il y dit la messe tous les jours. Moi je suis dans la petite salle à manger, il fait très bon et cette semaine nous avons arrangé la chambre que j’occupais avant la guerre, cette pièce est réservée aux pauvres gens qui viennent à la recherche de soldats qui sont enterrés dans ces pays-ci, quant à la cuisine c’est pour tout le monde. Maintenant il reste encore les chambres du haut à remettre un peu en ordre, le plus malade, c’est la toiture, mais il y a un homme du pays qui s’en chargera. Quand au ravitaillement on a plus que le nécessaire, on a même du vin et on peut aussi aller à un pays voisin où il y a une épicerie, seulement tout est cher ; c’est sans doute pareil chez vous. Il n’y a pas encore beaucoup d’habitants de retour pour le moment mais il en revient toutes les semaines, le pays se repeuple tout doucement. Nous sommes heureux d’être revenus des premiers car les personnes qui reviennent sont contentes de savoir leur curé qui les attend et ils viennent tous le voir, nous ne nous ennuyons pas car nous sommes toujours occupés et avons toujours de l’ouvrage d’avance (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à son beau-fils Pierre Lucien Lemaire :
« Roucy 30 janvier 1919 »
« (…) Ici les gens reviennent et s’installent comme ils peuvent, quant à nous, nous sommes assez bien logés car le presbytère est une des maisons les moins démolies du pays je ne m’ennuie pas car il y a du travail et les journées passent vite, quant au ravitaillement, il est meilleur que celui de Blanchefosse ; on a de tout à volonté même de la viande et du vin, et en plus il y a une boulangerie et une épicerie à un village voisin où l’on trouve ce que l’on a besoin, mais tout cela est cher.
Ce qui nous manquait c’était surtout de ne recevoir des nouvelles de personne, mais maintenant il y a un bureau de poste à Beaurieux et le facteur de Roucy y va tous les jours, il faut donc adresser les lettres : Roucy par Beaurieux Aisne.»
« (…) Il vient d’arriver aujourd’hui ici des soldats américains, cela mettra un peu d’entrain au pays, mais on ne comprend pas grand chose à leur langage, on aurait aimé avoir des soldats français, ce sera peut-être pour une autre fois.
Mon Cousin est parti depuis hier à Paris pour voir les Dames Canadiennes qui s’occupent de Roucy, elles ont déjà donné pas mal de choses en habits et linge, il doit rentrer ce soir, j’espère que son voyage n’aura pas été inutile et qu’il rapportera encore quelque chose (…) »
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L’abbé Gréhan à Pierre Lucien Lemaire à Châteauneuf sur Loire :
« 5 février (1919)
Cher Cousin, »
« (…) La poste n’a pas fonctionné en janvier pour nous, mais maintenant, nous sommes desservis par Beaurieux et les lettres arrivent régulièrement.
Ma santé, ainsi que celle de Julienne est bonne et nous arrivons à nous organiser assez bien. Le ravitaillement nous est servi sans trop de lenteur. Ma maison se rétablit peu à peu, mais il faut se donner de la peine et je fais tour à tour tous les métiers ; j’ai plus souvent un outil à la main qu’un livre ou une plume. Je suis également obligé de renseigner les familles sur les tombes des soldats enterrés ici et dans les environs, et comme il n’y a pas de prêtre dans la région, j’ai au moins une dizaine de paroisses où je suis dans le cas d’être appelé pour un service. Voilà trois enterrements que je fais à Romain, Montigny et Maizy dans des églises à moitié démolies et pleines de courants d’air. Ici, je ne puis dire la messe dans l’église qui est fort abîmée. Je la dis dans ma chambre avec des ornements que l’on m’a donnés à Paris »
(…) Je vais écrire à Pierrette et j’espère que ma lettre la trouvera bien portante ainsi que les enfants et toute la famille. En attendant, veuillez lui offrir mes meilleures amitiés et lui dire d’excuser mon retard à lui donner de mes nouvelles. Sa mère a dû déjà la mettre au courant de notre situation à Roucy, nous voilà 27 habitants au lieu de 10 quand ma cousine est arrivée.
Je me réjouis de savoir que vous allez être démobilisé et que vous pourrez retourner à St Paul, mais que de soucis vous y attendent ! Enfin, comme vous le dites si bien et si justement, avec la grâce de Dieu et de la persévérance, on peut avoir confiance. Bon courage donc et bonne santé pour vous et pour votre famille (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy le 9 Février 1919 »
« (…) Mon Cousin vient aussi de recevoir beaucoup de lettres pour rechercher des pauvres soldats enterrés dans ces pays-ci, cela lui donne beaucoup de travail. Je vous annonce la nouvelle qu’il vient de recevoir une lettre de Monseigneur l’Evêque de Soissons, il le nomme Doyen de Berry au Bac en résidence à Roucy ; cela ne changera rien à la situation si ce n’est qu’il aura un peu plus à faire. »
« (…) Les chères sœurs de l’hospice ne sont pas encore rentrées, la supérieure écrit très souvent à mon Cousin. Elles voudraient toutes être de retour dans leurs ruines même en baraques mais elles doivent l’obéissance à leur mère supérieure et celle-ci ne leur permet pas de revenir ; elles ne savent même pas si elles pourront revenir cet été, ce qui les désolent bien.
Mme Soulié est à Paris en bonne santé mais elle aussi voudrait bien être à Roucy seulement ce ne sera pas facile pour elle car la voilà déjà agée et elle désirerait ne plus rester seule, elle aurait voulu entrer à l’hospice comme pensionnaire.
Mme Thierry et sa fille doivent revenir bientôt, leur maison est une des moins démolies, malheureusement le mari de la fille Mr Leopold est mort pendant la guerre de cette façon elles sont aussi bien éprouvées car c’était un très bon garçon.
Mme Haution n’est pas encore rentrée son mari doit être démobilisé et son fils est soldat ils doivent aussi bientôt rentrer (…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet à Châteauneuf sur Loire :
« Roucy 24 février 1919
Chers Cousin et Cousine
J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 11 et je vous envoie un petit mot de réponse à la hâte car nous avons tant à faire dans la journée qu’on économise le temps. Et puis j’ai beaucoup de lettres à écrire ce qui m’oblige à veiller tard le soir ou à me lever de bonne heure. Je me demande si ce régime va durer longtemps. Heureusement que le Bon Dieu me favorise d’une bonne santé qui me permet de ne pas sentir trop la fatigue et de ne pas souffrir du manque de viande et de vin qui est habituel ; on se rattrappe sur le café, mais c’est plutôt un excitant qu’un fortifiant. Du moins on est chez soi et cela aide à passer bien des choses. Je souhaite que vous puissiez bientôt en dire autant, mais j’espère que vous serez mieux ravitaillés, car en quittant St Maurice où tout abonde sans doute, cela vous paraitrait dur. Ma cousine Julienne trouve que c’est encore bien mieux qu’à Blanchefosse. Elle va bien aussi et fait un peu tous les métiers comme moi. Nous trouvons encore le moyen dans notre détresse de loger notre voisin Mr Maucourant le maçon qui se bâtit une bicoque dans sa cour. Il mange avec nous et nous fournit son ravitaillement. L’autre soir il nous arrive un voyageur qui demande à loger. Heureusement que j’avais un lit d’occasion dans une chambre. J’ai pu le satisfaire. Déjà il y a trois semaines il m’est arrivé trois personnes à qui j’ai donné aussi l’hospitalité. Ce sont de pauvres gens qui viennent voir les tombes de leurs chers soldats. Souvent je leur évite le voyage en y allant moi-même et j’ai plusieurs cimetières à visiter. Depuis que je suis rentré on m’écrit de différents côtés et comme je suis le seul dans la région, je reçois les lettres adressées dans toutes les paroisses voisines. Je suis curé de canton et c’est sans doute ce qui a déterminé Mgr à me nommer Doyen de Berry au Bac, comme ma cousine a dû vous le dire, c’est un honneur qui sera plutôt une charge pour moi et qui à la longue deviendra fort embarrassant. Pour l’instant je n’ai rien de plus à faire que mon service habituel ici où je continue de résider (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy 25 Février 1919
« (…) on ne s’occupe pas du tout de reconstruire tous ces pauvres pays, ici, c’est la même chose on se loge comme on peut, quant à nous, comme nous voilà à peu près installés, je vais m’occuper de bêcher le plus de terrain possible pour faire beaucoup de légumes, la terre ayant été cultivée l’année dernière, ce sera assez facile »
« (…) Mon Cousin a trouvé la tombe du jeune soldat séminariste, le parent de Monsieur le curé de St Maurice (Abbé Buttel), il va y mettre une petite croix et je crois entretenir la tombe (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à sa fille « Pierrette » Lemaire Rebequet réfugiée à St Maurice les Châteauneuf (Saône et Loire) :
« Roucy 7 Mars 1919
Mes chers enfants »
« (…) J’espère que vers la fin de ce mois vous serez tous à St Paul où j’irai vous voir, pour tous les bagages que j’ai à porter, je ne sais comment faire ; si je puis avoir une voiture ce serait plus sûr que par le chemin de fer car maintenant nous n’avons plus le chemin de fer à Roucy il faut aller à Breuil Romain. Vous m’écrirez quand vous serez pour partir »
« (…) Mon Cousin a arrangé la chapelle de la Ste Vierge dans l’église et il y dira la messe dimanche prochain, quant à moi je m’occupe du jardinage ; le jardin sur le chemin de Bouffignereux n’est plus cultivable nous avons une terre de l’hospice qui a été cultivée l’an passé et qui est en bon état, je vais faire le plus de légumes que je pourrai.
Les chères sœurs ne reviendront pas cette année à l’hospice ; c’est le régisseur du château qui va habiter avec l’instituteur les pièces qui ne sont pas démolies. La chapelle est détruite car le caveau a sauté ainsi que la cave. Peut-être qu’on réparera tout cela un jour, en attendant elles ne peuvent revenir ce qui les chagrinent beaucoup (…) »
« J.Rebequet
Chez Mr l’Abbé Grehan
Doyen de Berry au Bac
A Roucy par Beaurieux
Aisne »
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Marie Lucie Julienne Lemaire, 11 ans, à ses parents Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet, demeurant à St Paul aux Bois (02) :
(Roucy) « Lundi 9 juin 1919
Cher Papa, Chère Maman et Chère Gaby »
« (…) j’espère que cette lettre vous arrivera quoique les trains ne vont guère bien à Breuil en ce moment ; il paraît qu’ils n’expédient pas. Grand’Mère ne peut donc pas vous envoyer d’asperges puisqu’elles resteraient en chemin. Quant aux cerises, au lieu de murir, les fleurs sont tombées et les cerisiers commencent à mourir, il en est de même des pruniers ; les arbres sont empoisonnés, mais je crois qu’il y aura beaucoup de groseilles.
Il faudrait de l’eau pour les jardins, malgré cela les légumes de Grand’mère sont assez beaux »
« (…) Votre petite fille qui vous embrasse tous bien fort.
Lucie Lemaire »
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Marie Lucie Julienne Lemaire, 11 ans, à ses parents, à St Paul aux Bois (02) :
« Roucy le 19 juin 1919
Mon cher Papa, ma chère Maman et chère petite sœur »
« (…) Je vais tous les jours à l’école et reste de quatre à six heures à l’étude pour apprendre mes leçons, après 6 heures je vais garder la chèvre, elle donne 1 litre 1/2 de lait par jour. Tu me dis que tu m’as rapporté une paire de bottines noires de Verberie j’en ai pas besoin pour le moment car j’ai touché de la section Canadienne une bonne paire de souliers pour aller à l’école et des cahoutchoux avec du drap ce qui me sert de pantoufles. »
« (…) J’ai tardé à vous écrire parce que tu nous avais dit que le train ne marchait plus et que vous ne receviez plus de lettres (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à la famille Lemaire Rebequet à Saint-Paul-aux-Bois :
Date par défaut 12.07.1919
« Roucy samedi midi
Mes chers enfants
Nous avons reçu votre lettre hier, nous avons maintenant un bureau de poste, mais comme vous voyez, les lettres ne vont pas plus vite, au contraire, c’est une automobile qui arrive vers 3 heures et repart de suite, on ne peut donc répondre que le lendemain à la même heure il ne faut pas être pressé (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin, à ses petites filles Lucie et Gabrielle Lemaire, et à leurs parents à St Paul aux Bois (02) :
« Roucy 12 Sept.1919
Mes chères petites filles
Je réponds à la gentille lettre de Lucie qui m’a fait bien plaisir, je vois qu’elle ne m’oublie pas et qu’elle a l’air de s’entendre avec Gaby pour aider à la récolte des pommes de terre, je me suis informée à la gare de Breuil pour expédier les fûts, mais on ne prend rien en petite vitesse et c’est trop volumineux pour la grande vitesse. Si cela avait été pour la ligne de l’Est le (chef) de gare aurait pu expédier par complaisance, mais comme c’est pour la ligne Nord il dit que c’est impossible, mais qu’à Jonchery ça pourra se faire, je tâcherais donc de vous les expédier par la première occasion que j’aurais, mais je ne sais quand, sitôt que je pourrais je vous l’écrirai aussitôt. »
« (…) depuis votre départ je n’ai pas eu beaucoup de temps car le presbytère continue toujours d’être transformé en hôtel, ce sera comme cela jusqu’à la Toussaint ; après j’espère être tranquille pour l’hiver.
Mon Cousin est aussi fort occupé il prépare une première communion à Romain pour le 21 sept. et une à Ventelay le 1er dimanche d’oct. il n’est donc pas souvent chez lui (...) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à la famille Lemaire Rebequet à Saint-Paul-aux-Bois :
« Roucy 24 sept 19
Mes chers enfants
Au moment que votre lettre est arrivée hier mardi, nous étions justement en train de charger les 2 fûts qui vont partir de Jonchery à la gare de Chauny, comme vous l’avez demandé, je les envoie en port dû, il paraît que c’est plus commode pour expédier vous m’écrirez quand vous les aurez reçus (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à la famille Lemaire Rebequet à Saint-Paul-aux-Bois :
« Roucy 18 Mars 1920
Mes chers enfants »
« (…) Tu me dis que vous avez votre baraque il n’y a plus qu’à attendre pour la monter. Mon Cousin a reçu aussi hier la baraque qui va servir d’église, on est en train de la monter, elle sera avant d’arriver chez le boulanger dans un terrain qui appartient au château on espère qu’elle sera montée pour Pâques(…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« Dimanche matin (sans doute vers mai 1920)
Cher Cousin et Chère Cousine »
« (…) J’ai été cueillir les asperges et j’en ai eu deux petites bottes pour deux repas.
Mr le curé de Pontavert est arrivé vendredi pour enterrer une de ses paroissiennes que j’avais vue morte la veille en allant repérer des tombes militaires à la Pêcherie.
Mme Thierry m’a demandé de donner un lit à Mr Royenete et je l’ai fait coucher dans la chambre de ma cousine : je n’ai peut-être pas bien fait, mais c’est un homme de confiance. »
« (…) Nos pensionnaires ont recouvert leur maison et sans doute qu’ils vont aller y habiter aussi demain : ils ne reviennent que pour coucher (…) »
L’abbé Gréhan à Julienne Rebequet Poittevin qui se trouvait chez ses enfants à St Paul aux Bois :
(Sans date. Juin 1920 ?)
« Chère cousine »
« (…) J’ai fait mes enterrements vendredi à Berry au Bac et samedi à Concevreux, j’ai demandé à Mr le curé de Pontavert d’aller à Berry au bac le samedi pour l’enterrement que je ne pourrai pas faire moi-même et hier dimanche je suis allé pour la messe encore à Berry, mais j’ai eu de la chance d’avoir l’auto de Mr Baschet de Romain. Nous avons dîné à l’hôtel et nous sommes revenus à Roucy en passant par Corbeny comme Jeanne d’Arc ; j’ai pu dire le Salut le soir à 6h1/2.
Les poules et les lapins sont en bon état : j’ai recueilli 12 œufs en 3 jours et les ai vendus à Me Baschet qui m’a invité à dîner demain mardi. Hier soir j’ai été chez Mr Paillard et j’y retourne ce soir. Mme Haution m’avait invité aussi, mais il y a des ouvriers plein la maison et j’ai eu peur de déranger.
Rien de nouveau dans le pays. Mr De Tretaigne a eu un concurrent au dernier moment : c’est le maire de Neufchâtel, je ne sais le résultat, il y aura sans doute ballotage (…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« Jeudi 29 juillet (1920)
Cher Cousin et chères Cousines
J’espère que vous êtes en bonne santé et heureux de vous savoir en famille. Ici les personnes à qui je donnais une chambre sont parties ce matin.
Je compte avoir la supérieure de l’Hospice samedi, après-demain, elle vient pour des dommages de guerre qu’on fixera lundi. Si ma cousine veut la voir, il lui faudra abréger son séjour chez vous (…) »
Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à ses petites filles, chez leurs parents Lemaire Rebequet, à St Paul aux bois (02) :
« Roucy 26 Août 1920
Mes chères petites filles »
« (…) Je pense que votre moisson s’avance. Depuis quelques temps il fait assez beau, est-ce que le hangar que l’on devait vous faire se construit pour pouvoir rentrer votre avoine, ici il n’y en a encore qu’un seul de monté.
Je vous remercie d’avoir envoyé le cantique de St Laurent cela intéresse mon Cousin de savoir les cérémonies de St Paul. Il a été à Soissons mardi au sacre de Monseigneur l’évêque mais il n’a pu causer longtemps avec Mr le curé de St Paul, il croyait le revoir après la cérémonie, mais il ne l’a plus revu, il a enterré aujourd’hui la mère de Mme Maucourant elle était âgée de 80 ans, c’est la première personne de Roucy qui meurt depuis la rentrée au pays, il y avait eu bien des décès aux pays voisins mais ici on croyait que la mort avait oublié le pays (…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
Non datée (janvier 1921 ?)
« Cher Cousin et Chère Cousine »
« (…) je suis très fort tenu par mes nombreux paroissiens ; peut être serai-je déchargé au printemps des 3 paroisses de la Marne (…)»
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
1921.09. (Date supposée)
« (…) Pour le moment, nous sommes en bonne santé et je me prépare à aller faire ma retraite. Je ne sais si je pourrai car on vient de me dire qu’il y a ici une personne qui est bien malade.
Nous avons eu hier la bénédiction d’une statue de ND de Lourdes pour remplacer celle qui était dans l’église et qui a été brisée. La chapelle était bien remplie (…) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à la famille Lemaire Rebequet à Saint-Paul-aux-Bois :
« Roucy 13 sept 1921
Mes chers enfants
Mon cousin est parti d’hier à La Rochelle et doit rentrer vendredi soir, je compte donc partir samedi matin par le train de 11 heures à Pontavert, je descendrai à Crouy et là j’attendrai le train de Soissons à Chauny qui doit passer à 5 heures à Coucy, ce doit être le train que Lucien a pris quand il est venu à Roucy. Si vous pouviez venir un bout de chemin au-devant de moi en passant par la route pour nous rencontrer cela m’arrangerait bien car je serai un peu chargée. Je vais faire cuire poires et pommes pour qu’il n’y ait qu’à mettre dans les flans, que je pense faire dimanche de bon matin.
Mon cousin doit venir lundi matin par le train de Pontavert et il sera à Soissons à 8 heures et il aura sa bicyclette pour arriver jusqu’à St Paul (...) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« 27 novembre (1922)
Cher cousin et Chère Cousine »
« (…) Ici nous avons eu la fête de l’armistice avec cortège aux deux cimetières et dépôt de deux palmes par les Anciens Combattants et les Sapeurs Pompiers qui ont demandé à faire leur fête de Ste Barbe le 10 décembre prochain.
Samedi et dimanche, j’ai célébré Ste Catherine dans trois églises et vendredi ce sera la St Eloi, dans une de mes paroisses, peut être aussi une St Nicolas. J’ai encore eu deux mariages en 8 jours le 19 et le 25 Nov (…) »
L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
« 1923.06. (Date supposée : Ascension)
Cher Cousin et Chère Cousine »
« (…) Nous avons eu bien chaud ces jours-ci pour aller à Longueval et hier pour la fête de l’Ascension. Notre baraque était brûlante et j’ai dû abréger la messe le plus possible. Mr et Me Baschet sont venus dîner avec nous et ils m’ont conduit l’après-midi à Concevreux pour l’enterrement d’un Malien qui s’était noyé accidentellement dans le canal. On a été ensuite à Maizy et on est rentré pour le soir.
Aujourd’hui il fait moins chaud et je vais en profiter pour aller faire le catéchisme en dehors. J’en ai déjà fait deux ici. On a bien du mal avec tous ces enfants et la jeunesse, je ne sais pas comment tout cela finira : c’est un vent de folie qui passe (…) »
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L’abbé Gréhan à ses cousins Pierre Lucien Lemaire et « Pierrette » Lemaire Rebequet :
(Date supposée 09.1923)
« Cher Cousin et Chère Cousine
J’ai été très sensible à votre bonne invitation pour le jour de la fête de St Paul, mais il me faudra encore cette année renoncer au plaisir d’être des vôtres, car je suis invité à bénir la première pierre de l’église de Neufchatel dimanche à 4h et je devrai rentrer seulement le lendemain à Roucy.
J’espère que la cérémonie de dimanche dernier à St Paul a été des mieux réussies, le temps était magnifique. J’ai été à ND de Liesse jeudi et j’y retourne encore jeudi prochain, mais ma cousine ne pourra pas y venir car nous avons des ouvriers au presbytère. La couverture va être terminée. On fait des niches pour les lapins et on a restauré les piliers de la grande porte.
Nous avons mangé hier le canard n°2 avec Mr le curé de Longueval et nous l’avons trouvé très bon.
Il fait bien chaud en ce moment et on se croirait au mois de juillet (...) »
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Marie "Julienne" Rebequet Poittevin à la famille Lemaire Rebequet à Saint-Paul-aux-Bois :
« Roucy 10 novembre 1923
« (…) Les ouvriers plâtriers travaillent toujours, les chambres du haut seront finies la semaine prochaine, après ce sera les pièces du bas, et plus tard les peintures et le papier à poser ; si c’est fini cette année ce sera beau, quoique cela va assez vite. J’avais encore peur que ce fut plus ennuyeux, les ouvriers sont convenables et entendent très bien les observations pour les changements à faire (...) »
FIN
de la deuxième partie.