Il était une fois un seigneur de Bretagne nommé Gilles de Rais.
Il naquit en 1404, au château de Machecoul, capitale du Pays de Retz, ou au château de Champtocé-sur-Loire, « en une chambre appelée la tour Noire ».
Gilles de Montmorency-Laval appelé « Gilles de Rais ou de Retz », était baron de Retz, seigneur de Machecoul, de Tiffauges, de Pouzauges, de Champtocé-sur-Loire, d’Ingrandes, de La Bénate, du Coutumier, de Bourgneuf-en-Retz, de Bouin, Saint-Etienne-de-Mer-Morte, Pornic, etc.
Ses immenses revenus, ses alliances et sa parenté avec de grandes familles nobles firent de lui un des seigneurs les plus en vue de son époque.
Il fut une grande figure de la guerre de Cent Ans avant de tomber dans la décadence et la débauche, jusqu’à être condamné « pour sorcellerie, sodomie, et meurtres d’enfants ».
Il fut pendu puis brûlé à Nantes, le 26 octobre 1440.
Très vite dans les campagnes de Bretagne, du côté des châteaux de Tiffauges, de Champtocé ou de Machecoul où il avait résidé, sa figure se confondit avec celle de « Barbe bleue ».
Descendant des comtes de Roucy
Parmi ses ancêtres, Gilles de Rais avait pour arrière-arrière-grands-parents, Amaury III de Craon (1279-1332) et Béatrix de Roucy-Pierrepont (1285-1328), fille de Jean IV de Roucy-Pierrepont, comte de Roucy, et de Jeanne de Dreux.
Après la mort de sa mère en 1415 et de son père la même année, Gilles et son frère René furent élevés par leur grand-père maternel, Jean de Craon, lui-même petit-fils de Amaury et de Béatrix de Roucy-Pierrepont.
Gilles de Rais
Un héros de la guerre de Cent Ans
Petit-neveu du connétable Bertrand du Guesclin, Gilles de Rais entreprit une carrière militaire. Il s’illustra d’abord sous les ordres de Jean V de Bretagne en prenant une part active dans les querelles de la guerre de Succession de Bretagne entre les Montfort et les Penthièvre (1420).
Puis il passa au service du roi de France Charles VII et combattit contre les Anglais de 1427 jusqu’en 1431.
Au cours de la campagne qui conduisit Jeanne d’Arc d’Orléans à Reims puis sous les murs de Paris, où se brisa sa fortune, Gilles de Rais, chevauchait à côté de la Pucelle ; il était chargé de veiller à sa sûreté.
Le 17 juillet 1429, Charles VII fut sacré dans la cathédrale de Reims, Jeanne d’Arc à sa droite, Gilles de Rais à sa gauche. Auparavant le jeune baron et trois autres grands seigneurs étaient entrés dans la cathédrale, en armure et à cheval, escortant l’abbé de Saint-Remi qui portait la Sainte Ampoule.
Le Sacre de Charles VII (Ivoire sculpté du XVe siècle)
Après la cérémonie du sacre, Charles VII fit chevalier, Robert de Sarrebruck, seigneur de Commercy et comte de Roucy par son mariage avec Jeanne de Roucy-Pierrepont, et éleva Gilles de Rais, qui avait alors vingt-cinq ans, à la dignité de maréchal.
Les fêtes passées, le roi, accompagné par Jeanne d’Arc, quitta Reims pour Corbeny. La cour séjourna à Cormicy le 21 juillet, avant d’aller se restaurer au château de Roucy le 22. Le comte de Roucy devait probablement escorter le roi ou l’avait devancé pour hâter les préparatifs de la réception et pour accueillir ses hôtes. Gilles de Rais fut ainsi reçu dans le château de ses ancêtres. Après le repas, le cortège se remit en route, par Pontavert, vers l’abbaye de Saint Marcoul pour, le lendemain, selon la tradition, y toucher les malades atteints d’écrouelle.
Le déclin
Son échec, avec Jeanne d’Arc, lors du siège de Paris, dû à la trahison de Georges de La Trémoille qui fit se replier l’armée française, entraîna le discrédit de Gilles de Rais auprès de la Cour et l’incita à se retirer sur ses terres.
Gilles de Rais
Héritier à vingt ans d’un patrimoine considérable, il était marié à Catherine de Thouars qui lui avait apporté en dot de nombreuses terres en Poitou. Gilles de Rais posséda pendant un temps la plus grosse fortune d’Europe, qui disparut peu à peu, dilapidée par ses prodigalités, son faste et ses débauches.
La déconfiture commença dès 1429. La guerre avait occasionné d’immenses dépenses. Il pratiqua le brigandage mais cela resta insuffisant.
Il commença alors à vendre des propriétés. En 1433, il ne lui restait plus aucune terre à part celles de sa femme en Poitou et deux châteaux en Anjou.
L’alchimie puis la magie
Gilles de Rais eut alors recours à l’alchimie. Ne parvenant pas à la réalisation de la pierre philosophale il se tourna vers la magie.
On dit qu’il promettait tout au diable, excepté son âme et sa vie. Il continuait ses exercices pieux tout en s’adonnant aux pratiques les plus impies et à la dépravation de mœurs la plus criminelle. C’est à cette époque qu’il commença à immoler des enfants.
Château de Machecoul en août 2011
Un criminel hors du commun.
Le 13 septembre 1440, l’évêque de Nantes cite Gilles de Rais à comparaître après avoir recueilli des témoignages et des rumeurs sur les exactions de celui-ci.
Lorsqu’il est arrêté le 15 septembre 1440 en son château de Machecoul, il est accusé d’être entré armé dans une église et d’avoir, pendant l’office, molesté et arrêté un homme lige (vassal) du duc de Bretagne. Ce n’est que le 8 octobre qu’il découvrira devant le tribunal de l’Inquisition ses véritables chefs d’accusation : sodomie, sorcellerie et assassinat d’enfants. On estima à 140 environ le nombre de ses victimes, toutes tuées à Champtocé, Machecoul, Tiffauges, Nantes, Bourgneuf et Vannes.
S’ouvre alors l’instruction du procès civil qui va être l’instrument de sa chute. Il est emprisonné dans le château de Nantes tandis que le duc de Bretagne diligente une enquête. Deux des gens de Gilles de Rais sont arrêtes, Henriet et Etienne Corillaut dit Pontou ou Poitou.
Le jugement et l’exécution de la peine
Le jugement est prononcé le 25 octobre par le tribunal présidé par le procureur et sénéchal de Bretagne, Pierre de l’Hôpital : Gilles de Rais et ses deux valets sont condamnés à être pendus puis brûlés.
Le lendemain matin, après une messe à la cathédrale Saint-Pierre de Nantes, l’exécution est accomplie. Tandis que les valets sont laissés sur le bûcher, le corps de Gilles de Rais en est retiré, avant d’être trop abîmé par les flammes, conformément à la requête qu’il avait formulée et qu’on lui avait accordée avant son exécution. Son corps est enseveli dans l’église du monastère des Carmes, à Nantes. Ce monastère et le monument funéraire dédié à sa mémoire furent détruits durant la Révolution française.
Descendance
Gilles de Rais ne laissa qu’une fille : Marie de Montmorency-Laval dite « Marie de Rais », qui lui succéda à la tête de la baronnie de Retz.
Elle se maria avec Prigent VII de Coëtivy puis avec André de Lohéac et mourut en 1458, mais n’eut jamais d’enfant.
FIN