Nous vous présentons un document découvert dans un Almanach de l’Action française. Il concerne Alphonse Arsène DOLLE, né le 3 janvier 1860 à Pierrefonds, dans l’Oise, qui s’établit à Roucy comme notaire avant de devenir le maire du village.
Malgré les prochaines élections dans notre pays, ne voyez dans la publication de ce document qu’un intérêt historique…
Article paru dans l’Almanach de l’Action française 1913.
Maître Dollé, notaire à Roucy jusqu’en 1909, ancien Président de la Chambre des notaires de l’Arrondissement de Laon était maire de Roucy quand il adhéra à la Ligue d’Action française en 1913. Il devint Vice-président du groupe de l’Aisne.
Le 15 juin 1913, en riposte à l’attaque parue, contre lui, dans la Démocratie de l’Aisne, M. Dollé, maire de Roucy, répond par une lettre ouverte, qui explique son ralliement à la Monarchie. Cette lettre est reproduite dans L’Almanach de l’Action française 1913 à la suite de l’article ci-dessous :
Un Ralliement à la Monarchie.
« On se rallie à la race qui fit la France… »
Certains de nos contemporains s’imaginent que l’Action Française se recrute uniquement dans la jeunesse et n’atteint presque jamais une personne d’un âge mur. Ils oublient, ou ignorent, que parmi les adhésions publiques qu’elle a reçues, nous trouvons les noms de Jules Lemaître, de l’Académie Française, des généraux Bonnal, ancien commandant de l’Ecole supérieure de Guerre, Jeannerod et Donop, anciens commandants de corps d’armée, de Emile Flourens, ancien ministre, de Eugène Cavaignac, fils et petit-fils de ministres républicains, et d’autres encore que nous ne pouvons nommer faute de place.
Dans nos pays, que l’on disait si réfractaires à la vérité politique, les ralliements à la monarchie ont été aussi très nombreux. Nous ne pouvons les citer tous, contentons-nous de mentionner l’un des plus caractéristiques. Il s’agit de M. Alphonse Dollé, maire de Roucy (canton de Neufchâtel). M. Dollé qui fut notaire dans cette ville pendant vingt ans, a été nommé successivement adjoint par deux fois et maire par trois fois. Au mois de mai dernier, il fut réélu maire par huit voix contre deux bulletins blancs. Attaqué par un journal local, M. Dollé lui a adressé la belle lettre suivante qui fut reproduite, en son temps, dans tous les journaux du pays. Nos lecteurs apprécieront les raisons profondes qui ont fait de lui, républicain radical, un royaliste convaincu.
Lettre de A. DOLLE, maire de Roucy.
« L’Action Française, dont vous semblez étonné qu’un Maire, autrefois républicain, soit devenu membre, est, en France, le seul organe du nationalisme intégral, c’est-à-dire des Français assez patriotes pour placer dans la solution de tout problème politique, la « Patrie avant tout ».
« Si nous sommes parfois contraints, comme je l’ai été, de signaler au grand jour, de vilains actes individuels, ce n’est pas tant, croyez-le, pour en brimer les auteurs, des compatriotes souvent égarés, mais des Français après tout, que pour illustrer par l’exemple, l’exposé de nos vérités, pour montrer sur le vif, ce que la République, en France, fait de ses enfants, comment le régime, pour se soutenir, développe l’égoïsme, les vices et les tares de ses partisans.
« De ce régime, de ces vices et de ces tares, la France se meurt.
« Pour nous éviter le sort de la nouvelle Pologne, des patriotes venus des points les plus opposés de l’horizon politique, unis dans une même angoisse devant le péril, ont dû conclure, comme seul moyen de salut, à la nécessité de rétablir la monarchie légitime.
« Chimères, pensent les esprit peu avertis.
« Qu’ils songent, ceux-là, à ce que nos quarante Chefs capétiens avaient fait en mille ans de notre pays informe, avant eux, divisé, et qu’ils comparent leur résultat final à ce que la Révolution a fait du même pays, en moins de cent ans.
« Qu’ils songent, d’autre part, à tout ce que nous fait espérer la fière déclaration d’une admirable clairvoyance politique, montée d’un cœur patriote aux lèvres d’un exilé, que notre Prince a fait acclamer à San Remo*, et ils comprendront alors pourquoi, les ancêtres ayant réussi à faire notre grande France, malgré des divisions et difficultés autrement graves que celles actuelles, le descendant direct de ces mêmes Chefs, l’aîné de la Maison de France, l’héritier des vertus capétiennes, peut, à son tour, et seul, peut, au milieu des monarchies menaçantes, restaurer notre malheureux pays que tant d’ennemis s’acharnent à désorganiser.
« Certes, sa tâche sera lourde, parce que nous avons trop laissé démolir.
« Mais, à l’Action Française, nous n’avons pas de doute sur le succès final, parce que là, au moins, nous connaissons tous, nous autres, l’intelligence si claire, si haute, si française de nos Maîtres, la valeur et le dévouement de nos Chefs, le courage que la foi seule donne à leurs troupes, et parce que les résultats de chaque jour nous garantissent ceux du lendemain.
« Enfin, et vous savez comme nous, par ce qu’ont révélé l’aviation et le Maroc, que les sources de notre énergie nationale ne sont pas toutes taries.
« Par ces maîtres, ces chefs, ces troupes, par les Français restés patriotes, qui, chaque jour, augmentent nos rangs, Dieu aidant, la France sera sauvée.
« Grâce à eux, notre Patrie qui avait été contaminée la première par le virus révolutionnaire des théories faussement humanitaires d’un métèque orgueilleux et malade, le trop fameux Suisse, J-J. Rousseau, grâce à eux, dis-je, la France conservera son avance en guérissant avant les autres nations atteintes à leur tour.
« Par eux, notre Patrie reprendra son ancienne place, sa vraie la première à la tête des nations civilisées.
« Cela vaut bien que l’on confesse en public les erreurs passées, et vous explique que l’on signe :
A. DOLLE,
Ancien républicain,
Ligueur d’Action Française.
*N.D.L.R. : le 16 février 1899, Philippe duc d’Orléans (1869-1926), prétendant orléaniste au trône de France sous le nom de Philippe VIII, publiait son manifeste le plus célèbre, le manifeste de San Remo, dans lequel il justifiait son combat contre les juifs.